Nombre de pêcheurs débutants voient dans le lancer la principale épreuve à surmonter avant de pouvoir, comme leurs initiateurs ou modèles, attraper après de belles arabesques de soie le poisson tant convoité.
Avec l'équipement moderne à la disposition du pêcheur au fouet, il n'en est rien car le lancer peut s'apprendre en quelques heures appuyées d'une pratique de quelques sorties de pêche.
La présentation correcte de la mouche pour des poissons pêchés en nymphe, noyée, ou sèche, la perception des touches lorsque l'on pêche aux mouches leurres, et enfin le ferrage du poisson sont les éléments de la pêche à la mouche qui font les résultats et qui ne s'acquièrent qu'avec une longue pratique ou un apprentissage poussé.
LE GOBAGE
Le gobage est la manifestation la plus connue de saisie de nos artificielles par un poisson. Le ferrage qui doit sanctionner ce gobage doit être rapide, précis et surtout délicat afin de ne pas créer de rupture de votre pointe de bas de ligne et occasionner ainsi des dommages au poisson leurré.
Il n'est jamais nécessaire d'attendre avant de ferrer lorsque l'on pêche les gobages de poissons approchés de dos, lorsque l'on pêche, ce qui est généralement le cas, en remontant le courant. Le ferrage doit alors être instantané.
Il peut être nécessaire de retarder d'une demi seconde votre ferrage si vous êtes amené à pêcher des poissons situés de profil ou en aval de vous et qui vous font par conséquent face. Un ferrage trop rapide aurait en effet pour résultat de ressortir votre artificielle de la gueule du poisson sans le piquer mais en l'effrayant assez pour vous assurer qu'il ne se laissera sans doute plus berner par vos imitations.
L'amplitude du geste du ferrage doit être mesurée pour ne pas amener de situation de surtension de la ligne fréquente lorsque l'on pêche en remontant le courant. La casse est proche si vous tendez votre ligne par un recul de votre scion d'un mètre alors que le poisson en gobant avance dans le sens opposé de vingt centimètres… L'élasticité du nylon pardonne bien des imprécisions mais on franchit vite le seuil de rupture d'un nylon de dix centièmes de millimètres de diamètre lorsque l'on est subjugué par la grâce d'une truite de plusieurs livres en train de s'alimenter sous nos yeux…
LA SAISIE VISIBLE
J'entends par là la prise d'un leurre par un poisson que vous voyez et observez. La saisie visible est tout simplement la prise d'une mouche immergée (nymphe, streamer…) par un poisson dont vous pouvez voir qu'il s'alimente sous l'eau soit en observant ses mouvements soit en suivant votre mouche qui s'en approche. La perception de la touche se fait visuellement, comme lors d'un gobage. On pense presque exclusivement à la pêche en nymphe à vue pour qualifier la saisie directe mais ce cas se rencontre très fréquemment lorsque l'on pêche le black bass ou les poissons côtiers au streamer.
Comme lors des gobages, le ferrage doit être fait avec délicatesse et mesure car l'excitation est mauvaise conseillère et on ne compte plus les casses survenues lorsque l'on pêche de beaux poissons à vue. Ceci est encore plus vrai du fait de l'emploi de matériel fin pour la plupart des pêches à vue qui peuvent transformer le ferrage en épreuve.
Lorsque vous suivez votre leurre ou votre poisson du regard, ferrez dès que vous pensez que le poisson a refermé la gueule sur le leurre. Ne ferrez pas trop tôt non plus, car si votre poisson a encore la gueule ouverte, si votre pointe de bas de ligne forme une courbe qui aura tendance à ressortir votre mouche de la gueule du poisson, il faut impérativement que les mâchoires de ce dernier soient serrées sur votre mouche pour ne pas ferrer dans le vide.
Dans la pêche à la mouche, il semblerait que les débutants soient confrontés à des difficultés que ne rencontrent plus les vieilles mains car les premiers poissons d'un débutant au fouet sont très attendus peut être même trop mais cela se comprend… Les premiers ferrages d'un moucheur se font souvent dans une excitation extrême qui laissera la place avec l'expérience à un plaisir profond qui altère nettement moins les réflexes et donc la qualité du ferrage.
LA SAUTEUSE
La sauteuse est une mouche formidable à bien des égards puisque elle pêche comme toute mouche artificielle qui se respecte mais aussi parce qu'elle permet de voir l'invisible, de visualiser ce qui se passe sur les autres mouches situées sous elle.
La sauteuse n'a pas besoin d'être un flotteur comme on le lit souvent, une nymphe émergente peut devenir une sauteuse d'exception si vous êtes capable de la suivre des yeux et de traduire ses mouvements.
Une sauteuse peut être saisie directement en ce cas la perception de la touche est on ne peut plus claire, on parle bien ici d'un gobage.
La prise d'une ou de a mouche de pointe peut dans les autres cas se révéler de très nombreuses manières différentes. Tantôt la prise de la mouche de pointe sera si brusque que votre sauteuse plongera en une éclaboussure proche du gobage, tantôt elle glissera simplement un peu moins vite qu'elle ne devrait dans le courant. Les ondulations, les tressautements, les arrêts sont autant de signes probables d'une touche et ils doivent être suivis par un ferrage immédiat.
La perception des touches avec la sauteuse est la plus précise de toutes celles que l'on peut avoir pour les pêches en « aveugle ». La vue d'une artificielle qui n'est pas forcément celle qui est prise mais qui subi les mouvements en même temps que celle choisie par le poisson permet de réagir beaucoup plus rapidement que pour les pêches tactiles ou seule une forte tension de la ligne comme lors de pêches en noyées permet d'obtenir l'information de la touche directement.
L'INDICATEUR DE TOUCHES
Il y a un choix à faire mais personnellement je ne trouve pas l'emploi d'indicateur extrêmement intéressant même si les propriétés de produits disponibles sur le marché sont étonnantes. Je préfère toujours utiliser une seconde mouche artificielle pour remplir ce rôle tout en augmentant sensiblement les probabilités de capture. Le ferrage et la perception des touches se font exactement de la même manière que dans le paragraphe ci-dessus lorsque l'on emploi des indicateurs.
LES SIGNES INSAISISSABLES
Certains pêcheurs à la mouche semblent posséder un sixième sens. On entretient volontiers un certain mysticisme autour des personnes qui ferrent sans signe apparent et piquent coup sur coup de beaux poissons là où il vous semble impossible de présenter une artificielle. J'ai lu des articles très farfelus à ce sujet, traitant du pouvoir d'influencer le poisson par sa pensée, son regard, sa force mentale et de tout un tas d'autres techniques que je ne vous recommande pas pour améliorer vos résultats de pêche.
La concentration et l'observation sont des éléments majeurs pour quiconque veut pêcher avec une grande maîtrise et leurrer des poissons nombreux et méfiants. Si l'action de pêche s'améliore avec l'expérience, l'observation de chaque élément qui peut vous apporter des renseignements sur ce qui se passe au bout de votre ligne peut être possédée par un pêcheur attentif très rapidement.
Je crois sincèrement qu'un pêcheur en nymphe, par exemple, qui prend beaucoup de poisson sait bien observer les déplacements de son fil, les tressautements de sa sauteuse irréguliers dans les courants, les ralentissements de dérive dans un courant, etc. Pour moi le mythe de la pêche télépathique ne vaut pas grand-chose comparé à une concentration affûtée sur ses gestes et sur sa ligne.
On dit souvent aux pêcheurs que l'on peut détecter une touche en pêchant en immersion en observant la pointe de sa soie mais il faut pour cela avoir un bas de ligne court et les touches que l'on aperçoit ainsi sont souvent les plus franches et toutes les touches discrètes passent sous silence…
Toute sensation anormale, tout mouvement suspect, tout déplacement qui vous semble contraire à ce que devrait faire votre ligne dans sa dérive doit être suivi immédiatement par un ferrage. Il vaut mieux ferrer trop fréquemment quitte à ferrer dans le vide que de laisser planer le doute ou espérer un second passage plus net.
En appliquant ce principe à toutes les pêches au fouet, on multiplie les captures à l'infinie et on entre rapidement dans la sphère des « initiés » ou de ceux dont on dit qu'ils ont le sens de l'eau…
L'ATTAQUE SUR UN POPPER
Pour commencer vous animez gentiment ce gros machin, ce popper, qu'un copain vous a dit d'essayer absolument et que vous voyez très bien à vingt mètres de vous. Vous n'êtes pas le seul à l'avoir vu, tous les poissons du secteur ont ressenti sa présence bruyante et agressive en surface. Votre cśur bat déjà la chamade car vous savez que l'attaque peut se produire à tout moment.
Une brusque tirée sur la soie et votre leurre éclabousse la surface de l'eau dans une gerbe que ce black bass de trois livre attendait. Vous ménagez, bien loin de savoir ce qui se prépare déjà, une pause dans l'animation de votre surprenant leurre quand le phénomène se produit. Un grand V liquide et fluide s approche à une vitesse fulgurante de votre leurre et un magnifique achigan saute hors de l'eau, l'hameçon déjà piqué à la commissure du mandibule et du maxillaire…
Que faire dans ce cas ? Vous êtes au bord de la syncope alors commencez par respirer. Si cela peut vous aider à vous calmer pensez que cela aurait pu être pire encore, ça aurait pu être une carangue ignobilis si vous aviez pêché dans un lagon à quelques milliers de kilomètres de là…
Respirez et dès que le poison retombe dans l'eau prenez contact si ce n'est déjà fait par le saut du poisson par un ferrage souple mais ample. La technique est simple pour la perception de la touche, pour le combat c'est une autre histoire.
Lorsque votre popper se fait aspirer moins violemment ne ferrez pas trop rapidement car souvent le poisson suit votre mouche en attaquant et donc vous fait face. Un ferrage prématuré (ce qui est très fréquent une fois de plus en raison de l'excitation qui ne manquera pas de vous gagner en de telles conditions de pêche) ferait ressortir votre leurre de la gueule du poisson.
L'ATTAQUE SUR UN STREAMER
Beaucoup de personnes qui débutent dans la pêche au fouet des carnassiers sont persuadés de s'attaquer à une pêche d'hérétique où les prises sont rares pour ne pas dire exceptionnelles mais très plaisantes sur un matériel léger. Ils veulent savoir ce qu'il en est et sont piqués au vif (sans jeu de mot stupide…) dans leur curiosité de pêcheur. Leurs débuts leurs donnent souvent raison malgré que leur idée soit parfaitement erronée. Les touches des carnassiers en eau douce peuvent être très nombreuses et pourtant passer totalement inaperçues et ne jamais se traduire par une capture si le ferrage n'est pas fait…
LE FERRAGE DES GRANDS PREDATEURS MARINS
Il peut paraître surprenant de consacrer un paragraphe à ce type de ferrage pourtant, ces pêches extrêmes nécessitent une technique de ferrage très singulière. Pour être honnête, il est toute une plage de ferrages à savoir maîtrisé lorsque l'on pêche les grands poissons chasseurs au fouet.
Les mâchoires extrêmement dures, les capacités à se débattre phénoménales, la puissance de ces poissons font que pour eux, se débarrasser de votre leurre semble nettement plus aisé que pour un rotengle de vingt centimètres traîné en surface sur le flanc…
Vous devez avoir en tête que ferrer par deux voire même trois fois ces poissons n'est pas une hérésie mais simplement une tentative de mettre quelques probabilités supplémentaires de mise au sec de votre partenaire à nageoires.
Le ferrage premier doit être immédiat, je dirais presque même impulsif… Le combat s'engage souvent immédiatement et vous aurez alors les informations nécessaires à jauger votre adversaire…
Nous ne ferons pas le tour des espèces de poissons marins innombrables que l'on peut reconnaître à leur départ mais le mieux et de ferrer à nouveau une deuxième fois quelque soit la taille de votre adversaire et de ferrer plusieurs fois pour assurer la pénétration de l'hameçon pour les poissons à gueule dure. Non, je ne crois pas que ce soit là la source de l'expression gueule de bois, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !
Certaines espèces telles les tarpons, les carangues, les thonidés et les poissons pélagiques méritent une attention particulière au ferrage car leur gueule est armée contre les piqûres des proies qu'ils ingèrent quotidiennement et votre hameçon fait pâle figure comparé aux épines dorsales des poissons coralliens, aux pinces des crabes et aux rostres de crevettes…
Un vieil adage dit qu'un tarpon doit être ferré sept fois avant de penser à le ramener, vous voyez que nous sommes là dans un monde à part, bien loin du délicat ferrage d'une belle zébrée de l'Ain à Champagnole…
Il est une autre raison aux ferrages multiples lorsque l'on s'attaque à des poissons de ce gabarit, la pression exercée par leurs mâchoires sur votre mouche leurre est bien souvent colossale et votre premier ferrage peut ne pas faire bouger votre mouche d'un millimètre dans la gueule serrée du poisson. L'hameçon est dans la cavité buccale du poisson mais il n'est pas forcément piqué loin s'en faut. Le démarrage du poisson alerté par la résistance créée par votre ferrage premier pique l'hameçon dans sa gueule mais si vous n'assurez pas un second ferrage puissant, soyez sûr que le premier saut, le premier coup de queue dans votre bas de ligne, le premier coup de gueule décrochera votre prise sans l'inquiéter outre mesure.
Les poissons sauteurs, tels les tarpons, les tassergals, les tazards sont les plus talentueux pour se défaire d'un leurre et vous devez toujours les ferrer à plusieurs reprises. Ces ferrages nombreux doivent se faire sans forcer éxagéremment car il est ridicule de déchirer la gueule d'un poisson en voulant l'accrocher. Le premier et le second ferrage doivent être puissants mais les suivants sont de simples petits coups de canne, d'autant plus appuyés que le poisson est loin de vous.
La méthode à suivre quelque soit le poisson piqué est la suivante, on amorce un premier ferrage puissant à la touche pour essayer de piquer le poisson, et on l'accompagne le plus rapidement possible d'un second ferrage tout aussi puissant pour assurer la prise qui débute sa course avant que le poisson ne se soit trop éloigné de vous.
Pour les poissons à risque, on peut ensuite tenter d'arrimer l'hameçon par des petits ferrages d'appoint qui paraîtront aux moucheurs habitués à la pêche des salmonidés des coups de massue…
L'EFFICACITE DU FERRAGE
Un bon ferrage doit se faire en tentant de mettre la soie la plus rectiligne possible en ayant le scion près de la surface de l'eau. Les ferrages latéraux amples sont les mieux indiqués pour les pêches au streamer car la soie reste parallèle à la surface de l'eau. Le ferrage vertical est bien moins productif car l'action de la canne doit amortir en plus de l'élasticité (toute relative sur un 45/100…) du bas de ligne, le ventre que fait la soie soulevée dans les airs et celui qu'elle fait sous l'eau (on pêche presque systématiquement en soie intermédiaire ou en soie plongeante en mer si l'on ne veut pas avoir la soie qui épouse la forme de chaque vaguelette…)
Les deux schémas ci-dessous expriment mieux qu'un long discours les problèmes que posent le ferrage vertical.
La perception des touches au streamer, ainsi que son animation se faisant plus aisément avec la pointe de la canne au raz de l'eau, le ferrage latéral possède tous les avantages.
LE FERRAGE VERTICAL
LE FERRAGE HORIZONTAL
TECHNIQUES DE PECHE - L'ANIMATION DES LEURRES
Les Mouches Artificielles MOANA
Nicolas VOLLOT - Les Granges Neuves - 84110 SEGURET
06.74.70.21.13 - nicolas.vollot@aliceadsl.fr