LES GRANDS TYPES DE MANIFESTATIONS DE SURFACE DE CHASSES DE POISSONS PREDATEURS
Les explications allant avec ces schémas sont en fin de l'article ci-dessous.
LES CHASSES NE SONT QUE LES MANIFESTATIONS VISIBLES DE L'ACTIVITE ALIMENTAIRE DE POISSONS CARNASSIERS MAIS IL Y A AUSSI...
Quelle que soit la technique de pêche employée, le pêcheur se retrouve devant deux cas de figure : soit il ne voit aucun signe de présence de son partenaire à nageoires et il pêche les postes où il pense pouvoir le retrouver, soit il voit ce fameux poisson et pêche à vue.
Pour pouvoir pêcher juste, il faut posséder ce que l'on nomme fréquemment le « Sens de l'eau » que développe le pêcheur avec l'expérience et qui lui permet de supposer de manière de plus en plus fiable les tenues et le comportement des poissons.
Ce sens qui est né de nos réussites et échecs passés nous sert pour les pêches des postes mais aussi pour la pêche à vue, dans la traduction de signes trahissant une activité subaquatique qu'un pêcheur averti saura interpréter et exploiter.
Plus un pêcheur saura précisément ce qui se déroule sous ses yeux à travers le film de la surface de l'eau plus il pourra facilement attraper un poisson dont il comprendra le comportement.
L'observation des signes des proies des poissons que vous cherchez à capturer et de l'attitude de ces derniers vous permettra sans aucun doute de pêcher de la bonne manière et au bon endroit.
LES ECLOSIONS
Nous allons aborder en premier ce sujet qui est l'essence même de la pêche à la mouche artificielle et sa raison d'être. Les éclosions sont, du point de vue des pêcheurs à la mouche, des moments plus ou moins brefs, pendant lesquels des insectes dont un stade au moins de développement se passe en milieu aquatique se regroupent au dessus sur ou sous l'eau et deviennent une manne alimentaire pour les poissons. Cette définition très vaste est aussi éloignée de celle que donnerait un entomologiste.
Pour nous, ce qui est intéressant avant tout, c'est le comportement d'activité alimentaire que déclenche une éclosion chez le poisson que nous désirons leurrer. Peut importe si les insectes sont là pour éclore à proprement parler, pour pondre, parce qu'ils sont morts après s'être massivement reproduits ou pour une quelconque autre raison.
Ils sont là et les poissons s'en gavent c'est ce qui est primordial. La raison de la présence de ces insectes vous intéresse surtout pour savoir avec quelle imitation pêcher, respectivement une nymphe émergente, une suggestion d'imago (insecte adulte) ou un spent (imitation d'insecte mort dérivant dans le courant).
Les éclosions peuvent être d'une grande diversité et peuvent même être multiples. Il est fréquent que deux voire même trois ou quatre espèces d'insectes éclosent simultanément sur un même tronçon de rivière.
Les éclosions sont sporadiques ou massives, brèves ou durables, cela dépend de l'insecte, de son stade de développement, des variations climatiques, etc.
Une belle éclosion est un moment toujours précieux pour les moucheurs que nous sommes et il est agréable de se dire que l'on a su en profiter, ce qui n'est pas toujours si évident qu'il parait.
J'ai ainsi le souvenir d'une éclosion massive de grandes mouches de mai se posant partout autour de moi et même sur mon gilet qui m'avait rendu euphorique à mon arrivé sur les berges. L'euphorie fut interrompue par l'évidence, les truites nombreuses et extrêmement actives ne se nourrissaient pas de ces magnifiques insectes et refusaient toutes mes plus belles imitations des différents stades de développement de cet éphéméroptère qui hantaient ma boite.
Après avoir observé plus attentivement l'eau et les gobages incessants qui la marquait à sa surface, je réalisait avec surprise que de toutes petites éphémères sombres étaient la proie exclusive de mes voisins salmonidés. Le coup du soir qui s'ensuivit fut tout bonnement fabuleux et je pêchais avec une émergente suggérant ce petit éphéméroptère jusqu'à la nuit noire, même si cette mouche artificielle semblait perdue au milieu de ses géantes consoeurs jaunes pâle que les poissons boudaient consciencieusement.
LES RETOMBEES
Les retombées sont peu connues ou souvent injustement nommées éclosions par les moucheurs. Lorsque des insectes totalement étrangers au milieu aquatique se retrouvent bien malgré eux à la surface de l'eau, ils déclenchent une activité alimentaire des poissons qui peut varier de sporadique, si seule une sauterelle se retrouve dans un ruisseau en raison d'une erreur d'appréciation, à généralisée lorsque des myriades de fourmis ailées retombent en vague sur le museau des poissons.
Il est à noter qu'une retombée d'insectes terrestres conséquente devient rapidement la seule préoccupation de tous les poissons d'un parcours qui en oublieront immédiatement les insectes aquatiques pouvant être présents.
Les américains et leur esprit pratique possèdent généralement et à juste titre une gamme étendue d'imitations tantôt farfelues tantôt magnifiques de ces insectes que peu d'européens considèrent comme dignes d'intérêt de figurer dans leur boîte à mouche.
Certains insectes terrestres se sont taillés dans la déception des pêcheurs qui n'en possédaient pas de représentation une réputation méritée. C'est notamment le cas des sauterelles, mouches domestiques, mouches de la St marc, et surtout fourmis ailées.
LES GOBAGES
Sans commentaires pour l'instant puisque ce chapitre va me demander des dizaines de pages, je vous le prépare pour bientot...
LES CHASSES DE CARNASSIERS
Les chasses de carnassiers peuvent se manifester, quand elles se manifestent, de très diverses manières. Les chasses en mer se traduisent souvent par des bancs de poissons fourrage acculés en surface et coincés par des prédateurs aquatiques les attaquants d'en bas et des oiseaux qui leur prêtent tout autant d'attention mais par l'autre mors de l'étau. A l'autre extrémité, la chasse discrète d'une grande fario remontée en ruisseau pour ravager les bancs de vairons peut n'être discernée que par un sillage sous une berge et un léger reflet argenté.
Nous allons tenter d'éclaircir les manifestations de prédation les plus courantes de nos chers carnassiers car si les milieux changent ainsi que les espèces et leurs mœurs, certains signes se traduisent quasi-systématiquement par un même comportement.
LES COUPS DE GUEULE ISOLES
Non, nous ne parlerons pas ici des jurons qui sanctionnent des déboires de pêche mais des chasses extrêmement localisées que l'on peut apercevoir assez fréquemment en eau douce dans les régions où les blacks bass abondent.
Ces chasses sont d'une précision incroyable et ne font généralement pas le moindre remous de trop. Le carnassier se saisit alors d'un batracien, d'un petit volatile, d'un rongeur ou d'une libellule imprudente qu'il surprend par la brutalité de son attaque et ne lui laisse presque aucune chance.
Elles se traduisent par une dépression brusque, par une aspiration puissante d'une proie qui disparaît.
Le carnassier est alors prenable si vous arrivez à lui présenter rapidement et de préférence juste derrière lui une mouche volumineuse et non lestée. Son premier réflexe est alors de se retourner et de gober l'intrus. Si cela n'est pas le cas, votre mouche laissée immobile devrait finir d'intriguer le poisson qui s'en saisira par curiosité si ce n'est par rage alimentaire.
LES CHASSES DE BANC
Elles se reconnaissent à la brusque volée d'un banc compact d'alevins poussés en surface par un poisson prédateur.
Elles sont généralement le fait d'un poisson chassant à l'affût tel que le brochet, le barracuda, les mérous, les bars et dans certaines mesures le black bass.
La présentation de votre leurre doit se faire très précisément sur la zone où vous avez vu la chasse car le prédateur reprend souvent son poste d'affût immédiatement, à plus forte raison s'il a raté sa prise. Le temps ne vous est pas compté car les carnassiers qui usent de cette méthode sont souvent patients et exploitent sérieusement tout obstacle qui leur procure un bon poste de chasse. Faites en autant et pensez à brider le poisson dès le ferrage car l'obstacle et souvent très près…
LES CHASSES EN SILLON
Lorsque vous voyez avancer devant vos yeux ébahis un remous qui trace un sillage en V, préparez vous à toucher un poisson à la mesure du sillage. Ce signe est celui qui traduit la poursuite puissante et décidée d'un prédateur ayant la capacité de se saisir de sa proie à la course. Un sillage unique et de taille conséquente indique la présence d'un gros prédateur qui se rue sur une proie conséquente. Les tassergals et les liches qui chassent dans 50cm d'eau dans certaines zones littorales pour couper en deux des mulets de 10 à 30cm de long font exactement ce type de chasse qui vous fera trembler des pieds à la tête.
Plusieurs sillages plus petits qui se suivent et se croisent traduisent des chasses bien établies de petits carnassiers rapides et chassant en bancs même si l'on souhaiterait parfois les qualifier de meutes… Les perches très excitées laissent souvent ce type de trace de leur passage sur un groupe de proies qui seront poursuivies jusqu'en dehors de l'eau si nécessaire.
La pêche de ces chasses est délicate puisque le poisson chasseur est souvent obnubilé par sa proie et vous aurez du mal à le faire s'en détourner pour votre mouche. Un popper où un leurre très présent sur l'eau peu vous sortir d'affaire. Si ce n'est pas le cas, une mouche imitant la proie supposée et présentée avec patience et une savante animation sur la zone vous permettra sans doute d'intercepter le raid suivant ou un des prédateurs à la traîne.
LE TAILING
Ce terme anglo-saxon nous est bien utile pour désigner le temps où les poissons qui se nourrissent en fouillant le fond dans très peu d'eau agitent leur nageoire caudale en dehors de l'eau où en troublant la surface par les remous produits par les mouvements de cette nageoire.
Il est facile dans de pareilles conditions de localiser le poisson qui se nourrit soit de crustacés soit d'invertébrés benthiques ou enfouit dans le sédiment.
Le séduire est souvent beaucoup plus délicat. Un bonefish en pareille position est rapidement effrayé par un posé manquant de délicatesse et si vous posez votre artificielle à quelques décimètres à peine de son lieu d'activité, vous pouvez ne pas l'intéresser du tout.
Une fois que vous aurez sélectionné une imitation précise et présentée avec délicatesse le plus près possible de la caudale qui vous sert de repère, soit le poisson s'en saisit immédiatement et vous en averti poliment soit, vous devrez tenter une animation qui ne peut avoir que deux effets. Dans le meilleur des cas, le poisson prend immédiatement votre mouche sinon, il part toutes nageoires dehors et vous laisse pour tout souvenir un petit nuage de sédiment en suspension…
LES CHASSES DE BANC SUIVIES
Les chasses de bancs suivies sont celles qui peuvent vous informer le plus précisément sur la nature du ou des prédateurs en action. Si l'éventail des alevins est régulier et sort toujours dans le même axe sans se scinder, il y a fort à parier qu'un seul poisson chasse ou qu'un tout petit banc de prédateur est concerné. Si les éventails se croisent, se séparent et se chevauchent, se sont des carnassiers qui chassent en banc comme des perches, des sandres, des carangues, etc.
Les poissons qui forment ce genre de chasse sont des prédateurs qui n'ont pas l'habitude chasser à l'affût et sont capables de poursuites soutenues.
Une présentation immédiate d'un streamer lesté et coloré (plus il se démarquera des alevins de l'éventail plus rapide sera la touche) dans l'explosion d'alevin à venir vous permettra à coup sûr de piquer ce carnassier ou l'un d'entre eux.
LES CHASSES ISOLEES SUIVIES
Elles se traduisent par une proie qui est seule et qui s'enfuit de manière rectiligne avant d'être interceptée par son poursuivant. Elles sont l'apanage des carnassiers de belle taille, voraces et endurants qui chassent en solitaires tels que les grandes perches, les blacks bass, etc.
Toute présentation d'un streamer très incitatif dans les parages suivie d'une animation hétérogène devrait vous permettre d'assurer une belle prise.
LES CHASSES ISOLEES ET DISPARATES
Lorsque vous voyez un poisson jaillir seul, de manière très désordonnée, poursuivie en tous sens, vous êtes certainement face à un petit prédateur survolté et inexpérimenté ou à un banc de ces petits carnassiers plus voraces qu'affamés.
Il est fréquent de voir des perchettes de 12cm poursuivre ainsi une ablette stressée sur dix mètres avant de parvenir à s'échouer sur la berge.
La capture de ce poisson ne vous posera pas de difficulté et il n'est pas judicieux de tester alors votre nouveau streamer car un poisson excité à ce point ne saurait être un bon indicateur de l'efficacité de votre leurre en cas de capture.
LES CHASSES EN HERBIERS
Les chasses les plus discrètes que l'on puisse voir sont celles que les végétaux nous répercutent en surface. Elles sont, et cela semble logique, le fait de poissons se cachant dans les nénuphars ou autres végétaux pour surprendre leur proie. Ces chasses se rapprochent beaucoup des coups de gueule isolés dont ils sont simplement une manifestation plus profonde. Le gobage de surface est remplacé par un gobage subaquatique entre les herbiers qui tremblent et ondulent sous le mouvement du poisson ou de l'eau brassée par son attaque.
Une présentation discrète d'un leurre de surface sera payante bien souvent mais si vous voulez assurer la prise alors que vous cherchez du black bass, mettez une longue pointe fine et une imitation de larve de libellule non lestée dont les pattes sont en élastique long. Le résultat est pratiquement assuré. Rares sont les blacks bass, même les plus beaux et les plus avertis qui sauront résister à cet artifice.
