Selon l'espèce de poisson recherchée, le milieu dans lequel il se trouve et les conditions climatiques, l'animation de votre leurre va considérablement varier d'un cas à l'autre. Ce besoin de modifier l'animation en fonction du contexte explique la nécessité de pêcher avec des leurres ayant des nages différentes qui elles même sont l'effet de conceptions spécifiques et particulières lors du montage de la mouche artificielle.
Plusieurs caractéristiques de la mouche artificielle que vous allez amoureusement nouer au bout de votre bas de ligne influent sur sa nage et donc sur son attractivité. Nous allons essayer de les lister exhaustivement dans les lignes qui suivent.
LE BRASSAGE : LE VOLUME D'EAU DEPLACE
Pour intéresser les poissons carnassiers, qui chassent souvent grâce aux vibrations produites par leurs proies, le volume d'eau brassé revêt un caractère primordial. Plus votre leurre déplacera d'eau, plus il produira des vibrations perceptibles à longue distance et susceptibles d'intéresser le prédateur. En revanche si ces vibrations attirent le poisson et attisent sa curiosité, un poisson méfiant aura tendance à fuir ces signaux.
Il est préférable de limiter ces signaux lorsque les conditions de pêche sont difficiles, notamment en période estivale, les jours sans vent, etc.
Ce phénomène explique le succès que rencontrent les petites mouches à ces moments précis : elles se présentent plus discrètement et n'effraient pas le poisson. Nous pouvons constater que de manière empirique nombreux sont les pêcheurs qui ont trouvés les mêmes conclusions et pêchent l'hiver avec des gros leurres et l'été avec d'autres tous petits.
Une astuce simple pour augmenter très fortement le brassage d'eau tout en évitant d'alerter les carnassiers consiste à rajouter à vos montages des pattes en élastique qui vibrent même après arrêt de l'animation du leurre et donnent vie tout en produisant des vibrations perceptibles de loin. Cela est sensible pour la plupart des poissons chasseurs mais saute plus encore aux yeux pour la pêche du black bass en saison chaude.
LES VIBRATIONS : LA SOUPLESSE DU LEURRE
Les vibrations plus fines produites par une mouche qui ne sont pas fonction de sa simple taille (et de son volume) mais par sa constitution, déterminent la prise du poisson car il s'agit d'un facteur de décision pour le poisson sélectif.
Ces vibrations donnent l'impression de vie dont votre leurre à besoin pour séduire le carnassier que vous recherchez. Votre future prise aura en effet peut être fait preuve de curiosité en s'approchant d'un leurre dont le brassage aura suscité son intérêt mais refusera de se saisir d'un leurre examiné de prêt lui semblant –et pour cause !- trop artificiel.
Une impression de vie et de fluidité due à une texture appropriée, pas forcément souple puisque la souplesse n'a d'intérêt que lorsque l'eau est immobile ou peu courante, permet de transformer un suivi en une touche qu'il vous appartient de faire devenir une prise concrète et mémorable.
Quels matériaux choisir pour donner une impression de vie ? Cela dépend de votre zone de pêche car le courant dicte la rigidité des matières à employer. En eaux courantes les fibres doivent êtres rigides et ne pas trop se comprimer sous peine de perdre tout leur volume et de ne pas se gonfler lors des pauses dans l'animation. Le contraire est à choisir pour la pêche des eaux dormantes.
Le mélange de fibres souples et raides permet de pêcher des eaux faiblement courantes ainsi que de donner une nage plus naturelle et « respirante » à des leurres animés rapidement. Ce panachage est souvent décisif pour la pêche des carnassiers marins sur les chasses sporadiques.
L'ONDULATION : LE POINT D'EQUILIBRE
La nage d'un leurre dépend, comme nous venons de le voir, de son volume, de sa taille, des matériaux qui le constituent mais également du point d'équilibre (équivalent au centre de gravité) autour duquel s'articule la nage de la mouche durant l'animation.
Ce point peut être placé sur toute la longueur de votre mouche et dépend du positionnement du lest, de la forme de l'hameçon, de l'emplacement des fibres et matériaux.
Un point d'équilibre en queue d'hameçon donnera à votre mouche une nage dans une position quasi constante, quelque soit la densité de la soie employée. Il s'agit essentiellement de mouches imitant des crustacés, des céphalopodes
Un point médian permet d'imiter les brefs changements de direction d'alevins en fuite.
Une mouche dont le poids se situe en tête aura une nage très basculante, en dents de scie, particulièrement attractive lorsque l'on souhaite déclencher l'agressivité des poissons chasseurs avec des leurres incitatifs. Cette nage se rapproche des pêches à la dandines de nos collègues pêcheurs au lancer.
LE RYTHME : LES LESTAGES
Partant du principe que plus une mouche est lourde, plus son animation et la récupération de la soie par le pêcheur doit être rapide, il est aisé de constater que seules les mouches sèches ou ayant tendance à flotter peuvent demeurer immobiles.
Les mouches qui sont utilisées sans animation ou presque doivent donc être les plus légères possibles sachant que pour de l'immobilité totale comme il est nécessaire lors de certaines pêches (grands blacks bass en période chaude attablés sur des nymphes de libellules, par exemple) la mouche utilisée doit avoir une densité supérieure ou égale à celle de l'eau. De cet équilibre précaire dépend bien souvent la capture ou l'échec dans ces pêches délicates et c'est à ma connaissance la seule erreur de pêche que l'on commette avant le début de la partie de pêche, lorsque l'on est encore à son étau…
Hormis en ces cas singuliers le principe reste globalement vérifié même s'il est nettement plus souple dans son application avec des mouches animées en immersion.
Le lest sur votre leurre devient indispensable dans de nombreux cas qui peuvent être résumés ainsi :
§ Un besoin d'animation très rapide et saccadée sous une profondeur d'eau importante par rapport à la densité de la soie employée (0.5m avec une soie flottante, 1m avec une intermédiaire et ainsi de suite…) ;
§ Un besoin d'animation verticale (le long de cassures) ;
§ Un besoin de compensation du courant dans la couche d'eau.
Retrouvez les principaux types de mouches et d'équilibrages dans le tableau suivant en annexe.
LES DIFFERENTES NAGES DE MOUCHES LEURRES
EXEMPLE DE PECHE |
RECUPERATION |
TYPE DE NAGE |
VOLUME |
LESTAGE |
EQUILIBRE |
SOIE UTILISEE |
1- Brochet en surface |
Lente |
Linéaire |
Important |
Aucun |
Centré |
S.I. |
2- Sandre au streamer |
Lente |
Souple |
Mobile |
Léger |
Centré |
S.I. |
3- Perche au midget |
Lente |
Basculante |
Faible |
Moyen |
En tête |
Flottante |
4- Truite au boobie |
Lente |
Basculante inversée |
Faible |
Flottant |
En tête |
Plongeante |
5- Bar à la crevette |
Lente |
Traînante |
S.I. |
Lourd |
En arrière |
S.I. |
6- Liche en surface |
Rapide |
Linéaire |
Moyen |
Léger |
Centré |
S.I. |
7- Truite en réservoir |
Rapide |
Souple |
Important |
Moyen |
En tête |
S.I. |
8- Chasses de Carangues |
Rapide |
Basculante |
Faible |
Lourd |
En tête |
S.I. |
S.I. : Sans Importance
Ces animations sont bien évidemment à moduler en fonction des conditions sur le moment (température, courant, comportement des poissons, etc.) et sont à mélanger les unes aux autres pour obtenir une trajectoire hétérogène. Les variations d'animation sont des moments particulièrement propices à la capture de poissons intrigués.
Vous trouverez dans le paragraphe ci-dessous les trajectoires approximatives correspondantes à ces animations.
Le changement fréquent d'animations sur un même lancer ainsi que les pauses marquées sont autant de facteurs qu'il est primordial de considérer pour effectuer des prises régulières lorsque l'on pêche avec des mouches leurres.
TRAJECTOIRES D'ANIMATIONS
Les axes horizontaux verts représentent le temps et la trajectoire linéaire du point de posé au pêcheur. Les courbes détaillent quant à elles la position de la mouche en fonction de l'animation qui lui est imprimé dans le plan vertical.
Les mouvements horizontaux de la mouche ne sont pas représentés pour plusieurs raisons. Tout d'abord ils sont pour ainsi dire impossibles à produire par le pêcheur lors de son animation puisque la soie empêche les brusques tirées latérales. Ensuite parce que les seuls mouvements dans le plan horizontal que l'on puisse induire le sont par la conception de la mouche ; seule une mouche volumineuse ramenée par tirées sèches avec une pointe assez fine de bas de ligne zigzaguera de gauche à droite en attendant la prochaine impulsion que vous donnerez dans votre animation.
Les mouvements horizontaux sont trop souvent mal considérés car ils sont un signal extrêmement important pour un poisson qui se trouve à la verticale du leurre et percevra par conséquent moins bien les mouvements verticaux. L'emploi de mouches déplaçant de gros volumes d'eau permet de palier à la faiblesse d'une animation en deux dimensions.
TECHNIQUES DE PECHE - LA NAGE DES MOUCHES : L'ART DE LEURRER
Les Mouches Artificielles MOANA
Nicolas VOLLOT - Les Granges Neuves - 84110 SEGURET
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