MONTAGE ET ENTRETIEN DE L'EQUIPEMENT DE PECHE A LA MOUCHE
Vous venez d'acquérir votre premier équipement pour la pêche à la mouche et vous avez bien pris soin de prendre tous les articles que votre initiateur vous avait sagement conseillés grâce à son expérience ainsi que d'autres articles que votre vendeur préféré aura réussi à vous faire acheter sans pour autant que vous ne sachiez vraiment à quoi ils servent…
Maintenant vous trépignez d'essayer tout cela au bord de l'eau et les truites, ombres, brochets et carangues peupleront vos rêves cette nuit…
Avant cela, vos qualités de bricoleur pêcheur vont être mises à rude épreuve et peut être même plus.
Le montage de votre équipement prend une place importante dans sa longévité et son efficacité. L'entretien de ce matériel que nous verrons par la même occasion dans ce chapitre vous permettra de prolonger votre matériel et de garantir son efficacité durablement. Votre budget sera d'autant plus allégé ou consacré à d'autres éléments se rapportant à votre passion que vous réaliserez le montage et l'entretien de votre équipement avec sérieux et régularité.
LE MONTAGE DE LA CANNE
LA CANNE ET LE MOULINET
Tout commence par la mise à jour de votre poignée. Une fois que vous l'avez débarrassée de son enveloppe de protection vous pouvez mettre en place votre moulinet sur le porte-moulinet de votre canne et serrer puissamment la base du moulinet pour éliminer tout jeu indésirable.
Ensuite, nous rentrons dans le grand monde fascinant des nœuds et des raccords…
LE RACCORD BACKING / MOULINET
Ne l'oubliez pas, peut être un jour serez vous content de ne pas perdre soie, backing, bas de ligne à cause d'un poisson parti trop loin de vous ou pas assez freiné dans sa course.
Le raccord se fait simplement en réalisant un solide nœud du pendu qui se serre à la traction autour du moyeu de la bobine de votre moulinet. Si un point d'amarrage le permet, il est préférable d'attacher votre backing de manière à ce qu'il ne puisse pas tourner librement autour du moyeu en cas extrême. Ainsi, la rotation de la bobine permet de récupérer la ligne obligatoirement, même si vous êtes en train de forcer sur le matériel avec un poisson de taille.
Je ne pense pas qu'aucun de nous ne connaîtra ce genre de problèmes car nous avons rarement une longueur insuffisante de backing de réserve mais le cas peut se produire lorsque l'on pêche des grands poissons prédateurs marins.
Il est à ce propos important de dimensionner correctement votre backing en fonction de l'utilisation de votre équipement sous peine de perdre un jour tout ou partie de votre matériel. (voir chapitre sur le choix du matériel).
Votre bobine de moulinet doit être bien pleine lorsque le backing et la soie y sont enroulés en tension. Vous pouvez commencer par enrouler la soie afin de tester la longueur de backing nécessaire. Il est logique de mettre bien plus de backing pour un même numéro de soie si celle-ci est plongeante car la densité de la soie varie alors et donc la section de cette dernière et le remplissage du moulinet.
Pensez à toujours enrouler le backing très serré sur le moyeu afin d'en mettre une longueur plus importante, de ne pas avoir la soie qui s'y enfonce en cas de capture de beaux poissons et de ne pas avoir de perruque irrémédiable lors d'un rush poussé.
LE RACCORD BACKING / SOIE
Une fois votre backing emmagasiné sur votre bobine, faites un raccord entre ce dernier et votre soie solide et passant dans les anneaux de la canne. Le nœud de surliure est à ce jour celui qui à ma préférence.
Il est fiable et passe généralement bien dans les anneaux même si certaines exceptions se produisent.
LE RACCORD SOIE / BAS DE LIGNE
Pour pouvoir changer de bas de ligne sans refaire sans cesse cette connexion soumise à des efforts importants, il est primordial de laisser une raccord boucle dans boucle disponible. Cette bouche de changement de bas de ligne peut être faite par exemple sur le brin de 45/100 raccordé à une soie 5/6 ou directement sur la soie pour des pêches lourdes en mer avec une soie 9.
LE MONTAGE DE LA POINTE OU DE L'AVANCON
Une fois votre bas de ligne connecté à votre soie, il vous faut penser à sa pointe qui est le brin le plus important de votre bas de ligne et que vous êtes amené à changer très fréquemment en action de pêche. Le raccord boucle dans boucle est ici encore le meilleur moyen d'être réactif et de renouveler votre pointe sans passer par des manipulations complexes. Seuls les avançons en acier doivent être raccordés autrement que par un boucle dans boucle sans quoi ils cisaillent le nylon du bas de ligne aussi sûrement que les dents de carnassier dont il est sensé protéger notre ligne.
Pour les raccords boucle dans boucle, prévoyez les discrets car ce raccord sera très proche du poisson en action de pêche. Evitez aussi que le petit brin ne se mette autour du gros. Vous devez obtenir un nœud plat où les deux sections de nylon dessinent un profil symétrique et surtout pas un nœud de vache beaucoup moins résistant car le nylon fin se serre seul autour du gros et casse.
Pour les bas de ligne en acier, les sleeves (sertissage de l'acier en une boucle avec une causse) et l'emploi d'un émerillon sont nécessaires. Si vous pêchez des carnassiers d'une taille qui le permet préférez les aciers mêlés de tresse qui se nouent et permettent un raccord très fin par un nœud d'allbright.
Il ne vous reste maintenant plus qu'à attacher votre leurre à la pointe de votre bas de ligne.
Pour le nylon, rien de compliqué, avec un nœud de cuillère doublé vous êtes dans le vrai et les casses seront rares voire même exceptionnelles si vous humectez correctement votre nœud avant de le serrer et si vous ne faites pas d'excès dans sa réalisation. Quatre ou cinq tours du brin courant sur le brin mort suffisent largement.
Si vous pêchez au streamer et que vous changez fréquemment de leurre, intercalez une agrafe anglaise entre votre pointe et votre mouche toujours par le nœud de cuillère doublé.
Le recours à l'agrafe est indispensable pour les avançons en acier et il est très utile pour les avançons en tresse ou en aciers nouables. Il permet en outre de limiter le raccourcissement rapide de votre pointe à chaque changement de leurre. Par contre il vous oblige à vérifier votre nœud d'attache sur l'agrafe régulièrement car il y reste durablement.
Lorsque vous nouez de la tresse, augmenter d'un tiers le nombre de tours de vos nœuds pour éviter que ceux-ci ne glissent. Au contraire, avec du câble, tout tour mort aura pour conséquence un affaiblissement de votre nœud et ce sont donc les nœuds les plus simples qui sont les plus fiables.
L'ENTRETIEN DE L'EQUIPEMENT
LA CANNE
L'entretien de votre canne à mouche est très limité. Un passage avec un chiffon humide sur toute la longueur de la canne pour la nettoyer de temps en temps et enlever les impuretés des anneaux qui pourraient endommager la soie.
Si vous pêchez en mer, le rinçage de chaque anneau et du porte moulinet pour éviter tout risque d'oxydation (même s'ils sont théoriquement traités anti-corrosion il vaut mieux prévenir que guérir) est indispensable. Rincer la canne après chaque sortie n'est pas un luxe bien au contraire, il vous permettra de conserver votre canne en parfait état des années durant.
La poignée de votre canne gagne à être régulièrement récurée à l'éponge avec un savon simple. Un polissage au papier de verre extrêmement fin une fois par an lui redonnera un aspect correct et permettra d'éviter que votre poignée ne soit totalement élimée et glissante.
LE MOULINET
L'entretien d'un moulinet est nettement plus délicat que celui d'une canne, on entre dans des mécanismes de précision dont certains subissent des efforts très conséquents, des torsions, des rotations rapides, etc.
Il commence souvent à l'achat du moulinet neuf, avec une lubrification totale de votre moulinet à l'aide d'un chiffon gras vous permet de limiter durablement les risques d'oxydation, pour les moulinets en métal. Le moulinet n'a pas besoin d'être gras au toucher pour être protégé correctement. Cette opération peut être répétée après chaque rinçage de votre moulinet.
Le respect des consignes d'entretien données par le constructeur permet de garder un moulinet robuste de bonne fabrication à vie. Certaines pièces doivent être lubrifiées à l'huile d'autres à la graisse et il est important de démonter régulièrement pour rincer le mécanisme et en enlever les éventuels dépôts de sable, de sel ou de poussière.
L'immersion dans de l'eau douce tiède des moulinets ayant servis pour une sortie en mer permet de limiter l'agression par le sel de votre bobine et des mécanismes éventuellement immergés. Un rinçage puissant viendra compléter cet entretien systématique.
Pensez à entreposer vos moulinets avec le frein desserré pour que le disque ne soit pas pressé inutilement et qu'il puisse sécher rapidement.
LA SOIE LES BAS DE LIGNE ET LE BACKING
Nous ne parlerons ici que de l'entretien des soies synthétiques et des backings en tresse multibrins. Les soies naturelles nécessitent un entretien long et complet dont il est plus sage de s'enquérir auprès du fabriquant de celle que vous possédez ou désirez acquérir.
Les soies synthétiques doivent simplement être rincées régulièrement à l'eau douce. Je déconseille l'emploi des produits proposés dans le commerce pour re-plastifier ou redonner une seconde vie aux soies. Ils ont presque toujours l'effet opposé à celui recherché sur une vieille soie synthétique.
Si vous observez des problèmes de glisse de votre soie dans les anneaux ou des pertes de flottabilité, le mieux reste encore de lubrifier votre soie. La graisse à traire et la pommade Biafine (contre les brûlures) que l'on trouve aisément en pharmacie ont les qualités nécessaires pour remettre votre soie en route pour une nouvelle saison. Passez de ce lubrifiant dès que vous ressentez à nouveau des signes de faiblesse même infimes de votre soie.
Pour protéger votre backing, un rinçage par immersion dans de l'eau tiède de temps à autre permet d'éliminer le gros des impuretés et polluants qui peuvent s'y déposer. Lorsque vous ne vous servez pas de votre équipement pour une durée importante (période de fermeture pour les pêcheurs de salmonidés) retirez votre soie de votre bobine et laissez la en spires lâches et laissez le backing sécher sur la bobine à l'abri de la chaleur et de la lumière.
Vos bas de ligne comme vos bobines de nylon doivent de même toujours être stockés de manière à éviter tout rayonnement lumineux et les températures élevées ou très basses. Pensez également à les tenir loin de toute source de rayure car un grain de sable qui frotte sur un nylon de 20/100 peu lui faire perdre la moitié de sa résistance sans qu'aucune trace ne vous soit perceptible. Pour cela préférez toujours les tenir enroulés sans tension sur des plioirs en carton encochés de 10/15cm de diamètre eux même préservés dans des sachets étanches dans votre gilet ou votre boîte de pêche.
LES MOUCHES ET LES BOITES A MOUCHE
Les mouches et leur boîte doivent être entretenues de façon à éviter les deux problèmes qu'encourent vos leurres préférés : l'oxydation des hameçons, la destruction des fibres et plumes par des insectes.
Une boîte à mouche devrait toujours rester sèche, évitez donc les supports absorbant l'humidité (et plus grave encore le sel pour la pêche en mer !) tels que la moquette pour piquer vos artificielles.
Les boites à casiers individuellement fermés sont les plus efficaces pour conserver des mouches sèches aux ailes et collerettes délicates. Si vous enfermez vos artificielles en pliant les plumes, celles-ci devront être remise sous leur forme initiale par un bain de vapeur d'eau long et fastidieux mais parfaitement efficace.
Les nymphes, noyées et streamers sont piqués sur des mousses néoprènes ou des plaques de mousses denses d'isolation. Ne prenez que les mouches dont vous aurez besoin si vous pêchez en mer et laissez les autres à l'abri chez vous dans une réserve. Un rinçage complet de la boîte le soir après votre sortie lui fera le plus grand bien. Faites bien sécher le tout après ce rinçage salvateur.
